L'Institut national de recherches archéologiques préventives réalise depuis avril 2024 un chantier de fouilles préventives dans l'enceinte de l'école des Arts décoratifs à Paris
« On a 2 000 ans d’histoire résumés sur une toute petite parcelle de 195 m2«
responsable scientifique de l’Inrap en charge des fouilles
qui laissera place à une extension de l’école
une équipe d’archéologues est en action
Située sur la montagne Sainte-Geneviève
la zone de fouilles est bien connue de l’Inrap
qui a déjà mené deux autres chantiers à proximité depuis les années 90
C’est entre ce point haut et l’île de la Cité que s’est construit Lutèce
après la conquête de la Gaule par Jules César
Il se situe juste devant une enfilade de maisons gallo-romaines
dont les fondations avaient été mises au jour en 1999
Non loin de là se trouvait l’ancien forum antique implanté au niveau de l’actuel parking Soufflot
« On est ici dans la partie sud-est de la ville
C’était probablement un quartier artisanal
Ces fouilles nous permettent de mieux comprendre comment s’organise la ville en interne »
Le terrain d’étude est encore drapé de mystères
« Est-ce que c’était une cour
Ces fouilles doivent en déterminer la fonction »
le terrain percé à jour devrait permettre de projeter une architecture sur l’ensemble d’un quartier antique
les archéologues ont eu la bonne surprise de découvrir une couche stratigraphique – succession de différentes couches géologiques – particulièrement bien préservée
Un feuilletage précieux pour remonter dans le temps
juste après la conquête romaine
cet endroit était une carrière
« On y a trouvé pas mal de déchets domestiques
notamment des chevilles osseuses de bovins »
Il s’agit en fait de la partie centrale des cornes de bœuf
qui étaient utilisées pour réaliser des pièces artisanales : boutons
cette partie osseuse était un déchet
que l’on retrouve dans la fosse par dizaines
« Au milieu du Ier siècle
on arrive à la construction des maisons en dur »
« On pense à un quartier d’artisans
le site est abandonné : « La ville antique s’est repliée vers la Seine
La zone autour de nous se retrouve dans les champs
et ça le restera très longtemps
jusqu’au début du 17e siècle
lorsque les ordres religieux s’y installent »
détaille le responsable scientifique
Les sœurs Ursulines achètent une parcelle et s’installent alors sur le site
on est dans leurs anciens jardins »
Au gré des installations de nouveaux ordres religieux
Un mur de clôture est construit en 1850.
Les lointains habitants de l’éminence parisienne ont laissé d’autres indices aux chercheurs
Les archéologues ont retrouvé de menus objets : morceaux de poteries
probablement tombées de la poche comme cela arrive lorsqu’on est sur un lieu de passages
« On a retrouvé par exemple cette sesterce«
« On aperçoit sur une face une déesse qui semble être Junon
et de l’autre côté une impératrice
La monnaie a toujours été un support de prédilection de la propagande impériale »
L’ensemble des objets retrouvés va être transféré au centre archéologique de l’Inrap à La Courneuve
« Chaque morceau va être lavé
étudié par un spécialiste
l’étude des céramiques permettra de préciser la datation au quart de siècle près »
Autant de petits indices qui permettront de préciser le « puzzle géant du Paris antique. »
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la France a dû faire face à une série de batailles contre les résistants marocains dont les théâtres se situaient surtout dans les montagnes du Rif
la dernière ayant eu lieu il y a tout juste 90 ans
remonte à 1911 lorsque les tribus berbères apprirent que le sultan Hafid
qui avait succédé à son frère Abdelaziz en 1908
s’apprêtait à livrer le pays aux Français à la suite de l’endettement colossal dont son frère était le principal responsable
Surnommé le « sultan des chrétiens » à cause de sa connivence avec la future puissance colonisatrice
Hafid est aux abois : traqué et assiégé en 1911 par les tribus berbères
il se réfugie à Fès où il sollicite d’abord la protection des notables de cette ville du centre du pays
Fès a été pendant des années la capitale des sultans alaouites
Ils y sont tous nés et en avaient fait le centre de leur pouvoir
Ses habitants sont pour la plupart les descendants des musulmans et des juifs qui avaient fui l’Andalousie à la fin du XVe siècle
Ils ont toujours fait partie du Blad El-Makhzen
majoritaire et peuplé essentiellement par des tribus berbères autonomes
En contrepartie de la protection militaire du sultan et de son armée
composée de mercenaires et d’esclaves affranchis
les Fassis (habitants de Fès) lui apportaient un soutien financier et lui reconnaissaient une légitimité religieuse et politique
C’est ce qui explique la fuite de Hafid en 1911 à Fès
où il fut assiégé pendant six mois par les tribus berbères avant de solliciter l’aide militaire de la France
fief de la grande tribu des Zaïans au Moyen Atlas
une légende de la résistance berbère au Moyen Atlas
du côté français par le lieutenant-colonel René Philippe Laverdure
la bataille d’El-Hri se déroula le vendredi 13 novembre 1914 près de Khenifra
la capitale des Zaïans : l’armée coloniale est décimée en quelques heures : 33 officiers (dont Laverdure) et 650 soldats sont tués et près de 180 blessés
Il faudra l’alliance des armées française et espagnole
aidées par les mercenaires du sultan Youssef ben Hassan
pour vaincre Abdelkrim et ses partisans en 1926
Mais c’est dans les montagnes du Haut Atlas que les derniers grands affrontements se sont tenus
avec leurs lots d’actes de barbarie coloniale et de pertes humaines et militaires considérables
sous la conduite de deux hommes : un mystique soufi du nom d’El-Mekki Amhaouch
autour de « la montagne verte » appelée Tazizaout
qui culmine à plus de 3 000 mètres près d’un village appelé Anfgou ; et Assou Baslam
une légende berbère qui portera les attaques au cœur des montagnes de Saghro
étaient commandés par le général Antoine Jules Joseph Huré
retranchés dans « la montagne verte » et ses ravins rocheux
ensevelis sous une végétation infranchissable
l’armée coloniale va employer les avions de combat qui feront un carnage parmi la population locale
leurs femmes et leurs enfants seront ainsi bombardés
assoiffés et affamés après avoir été soumis à un siège qui les obligera à se cacher pendant plusieurs semaines dans des trous à rats creusés au pied des arbres
Mais devant l’ampleur des massacres et peut-être par opportunisme
contre la volonté de la plupart des combattants
décide de se livrer aux Français le 14 septembre 1932
Il sera nommé « caïd » quelques jours après par Lyautey
Aujourd’hui encore sa reddition est « chantée » en berbère comme une « trahison » et moquée par la poésie locale :
Sidi El Mekki vous a conviés à la fêteMais c’est du poste de caïd qu’il rêvait au fait !À l’ennemi
il promettait le ridicule !Et les événements l’ont mis vite à découvert.Ô Tazizaout
J’entends toujours tes fracas en moi retentir !Et seul celui qui était à Achlou peut les ressentir.Nulle fête ne me fera ôter le deuil que je te porteMaintenant que je suis soumis et devenu muletier !Moi je me suis rendu après tant d’évasions et de cavales.À la famine et aux bombardements ai résisté !Plus rien de ce que je possédais ne m’est resté
d’autres batailles avaient déjà débuté quelques kilomètres plus loin : ainsi de la célèbre bataille de Jbel Saghro qui vit la participation de deux officiers français mythiques
le général Henri Giraud et le capitaine Henri de Bournazel
Auréolé d’une réputation d’invincibilité lors de la guerre du Rif contre Abdelkrim
de Bournazel était déjà un mythe vivant de l’armée coloniale
le jeune officier français rejoindra les montagnes berbères de Saghro
où il fera face aux hommes du grand résistant Assou Oubaslam
La bataille décisive commence le 21 février 1933 à Bougafer (Haut Atlas)
mais la résistance ne prendra fin que plusieurs mois plus tard
s’illustrera par ses mises en scène et les extravagances qui construiront plus tard sa « légende »
avant de mourir une semaine jour pour jour après le début des combats
de Bournazel voulait en effet s’emparer d’un monticule rocheux qui lui paraissait stratégique
Il aurait couvert sa célèbre tunique rouge d’une djellaba berbère avant de partir à l’assaut
» Il est d’abord touché par une première balle
il revient à la charge : il est de nouveau touché par une seconde balle
La guerre de « pacification » du pays berbère marocain a duré près d’un quart de siècle : de 1911 à 1934
Selon les chiffres officiels de l’armée coloniale
8 628 militaires français (dont 622 officiers) ont été tués et 15 000 blessés au cours de cette période
À ces chiffres s’ajoutent plus de 12 000 goumiers marocains ayant combattu aux côtés de l’armée française
dits « indigènes » (Algériens et Sénégalais notamment)
Ces chiffres ne comprennent pas les 16 000 soldats espagnols tués lors de la bataille d’Anoual
les historiens dénombrent près de 100 000 morts
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1Le terme de « pacification » est souvent utilisé dans les écrits à caractère colonialiste pour désigner — et dissimuler — la répression militaire contre les résistants des pays occupés
2Voir Charles-Robert Ageron, « La politique berbère du protectorat marocain de 1913 à 1934 »
in Revue d’histoire moderne et contemporaine
3Louis Voinot
Sur les traces glorieuses des pacificateurs du Maroc
4Michael Peyron